Jean-Yves Gourvès / mercredi 27 septembre 2017
Après les ordonnances sur le marché du travail qui viennent d’être publiées au JO du 23 -09-2017, c’est au tour de la formation professionnelle d’être sur la sellette pour une véritable refondation. Sans embrasser dans une même approche tous les volets d’une refondation d’ensemble de la FP nous nous intéressons dans les lignes qui suivent à cerner quels pourraient être les axes, la base, le socle, les idées utiles assurant la réussite d’une relance tant espérée de l'apprentissage. Comme Il existe différents niveaux d’entrée en apprentissage; ce qui suit vise en particulier les collégiens et leurs parents d'un côté, l'artisanat et les petites entreprises de l'autre.
D'autres considérations peuvent sans doute être retenues pour les PME de plus de 100 salariés. Compte tenu de ces limites, quels peuvent être les objectifs "sociaux" de ces petits employeurs accueillant des apprentis? Réussir pendant l’apprentissage non seulement à les qualifier mais réussir aussi à faire naître chez ces jeunes l’amorce des compétences professionnelles qui leur permettront d’être reconnus au travail, mieux, d’être considérés.
Dans ce contexte, vis à vis de ces futurs actifs, sur quelles bases solides une réforme pourrait-elle prendre appui ? Sans être exhaustif, il est possible de s'appuyer sur les leviers suivants:
I) L’apprentissage, pour les jeunes, est [serait, sera] l’une des voies royales pour réussir dans la vie au XXI ième siècle.
- Avoir un enseignement d’excellence - primaire collège -ayant pour objectif d’ouvrir grandes les portes de l’apprentissage. Et permettre aux enseignants – grâce leurs savoir faire - d’avoir une très grande fierté lorsque leurs élèves entrent en apprentissage au même titre que s’ils entraient dans une filière de formation ouvrant les portes des carrières de cadre et ou d’ingénieur.
Comment réussir à positiver la perception de l’apprentissage ? (Alors que cette voie reste trop souvent dépréciée notamment chez les enseignants et aussi, parfois, chez les parents)
Bien avant la fin de ces cycles, apporter, donner aux parents les informations actualisées sur l’apprentissage au XXI ième siècle, sur les mérites et les valeurs de ce dispositif dans une perspective de formation tout au long de la vie…. Permettre aux entreprises d’être mieux connues des parents et des jeunes; Encourager les entreprises à accueillir des jeunes en apprentissage en simplifiant les modalités d’embauche.
II) Le second axe fondateur d’un nouveau système:
La reconnaissance que l'artisanat, les entreprises, sont naturellement « productrices » de formationet de qualifications; mieux encore, elles sont à l’origine de compétences et d’efficacités collectives qu’elles sont seules à pouvoir générer et transmettre. Les branches, de leur côté, conçoivent les moyens utiles pour la formation des apprentis dont les adhérents ont besoin.
Ce qui précède permet de deviner à quel point il est important de donner aux employeurs un rôle clé dans cette relation d’apprentissage. Simplifier, redéfinir la relation, le contrat d’apprentissage entre apprenti et maître d’apprentissage, Les modalités et conditions spécifiques d'apprentissage étant définies au plus près des partenaires concernés. (sans doute au niveau de la branche)
III) Le troisième axe, le rôle de l’Etat
Un état actif [Education Nationale] pour ce qui concerne cet enseignement d'excellence en particulier vis à vis des fondamentaux. L’EN délivrant un diplôme national avant l’entrée en apprentissage.
Un état vigilant sur le respect des textes relatifs à la santé et la sécurité au travail des apprentis. (Aussi bien avant la signature des contrats que tout au long de l’apprentissage) et sanctionnant les manquements aux règles définies. Un état évaluateur au niveau national notamment pour vérifier si cette relance est en bonne voie. ( notamment, vis-à-vis des dispositions - fiscales, exonérations, aides, pénalités, taxes - encadrant les entreprises embauchant des apprentis)
IV) La numérisation bouleverse l’ensemble de nos « façons de faire »
En particulier, Façons de travailler, Façons d’apprendre
Travail, Transport, Communication, Education, Administration …etc… Comment penser que de simples retouches à un dispositif du siècle dernier répondent aux attentes des jeunes et des entreprises d’aujourd’hui ? Est-il légitime de penser que les réformateurs en charge de ce projet doivent bâtir un projet qui intègre toutes les opportunités que nous apporte le numérique ? Forum, tutoriels, MOOC, Réseaux professionnels, Formation, Vidéos, Support, Assistance en ligne….. Autant de sources d’informations et d’échanges qui sont au cœur même des nouvelles relations de formation et des nouvelles modalités de travail ? Ainsi, le numérique contribuera à la naissance « d’un modèle du troisième type » au service de tous les partenaires concernés par l’apprentissage.
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Il ya surement d’autres considérations qui peuvent guider les réformateurs (en particulier les aspects financiers du dispositif- notamment concernant les salaires des apprentis). Celles qui sont énumérées ci-dessus s’attachent à reconnaître la complémentarité des rôles et le partage des responsabilités entre les acteurs concernés: Parents, Jeunes, Entreprises, Enseignants et formateurs. ... un travail d'équipe, un challenge prioritaire pour la réussite de nombreux jeunes.
Jean-Yves Gourvès
NB
Ne pas oublier qu’il existe dans le pays des « acteurs d’excellence » dans le champs de l’apprentissage et que leurs savoir faire doivent être reconnus et protégés; Sous certains angles ils peuvent aussi inspirer les réformateurs.